Par une nuit d'orage, sombre, inquiétante, réduisant la vision à une perception d'ombres éphémères, un bruit de
combat animal se livrant une lutte féroce, Mâlemort s'inquiéta. Cétait un homme solitaire, menant une vie austère dans sa
chaumière battit dans la forêt jouxtant le village, ne s'intéressant peu aux sorts des autres. Mais, ce soir la,
contrairement à ses habitudes, un pressentiment le fît sortir, avec pour toutes armes une torche et son couteau de chasse en
bois de cerf.
Quelle ne fût pas sa surprise, en découvrant à quelques pas de son logît, un grand chien noir, alliant à la puissance de son corps, une incroyable beauté de par l'harmonie parfaite de ses formes alliées à l'aspect soyeux de sa robe, tenant tête fièrement à quatre loups. Harcelé de plusieurs coté à la fois, il était adossé à un grand chêne au pied duquel reposait un objet sombre. Ne sachant trop pourquoi, peut être parce qu'il pensait à cet instant précis, qu'un tel être ne méritait pas de mourir ainsi, il s'elança dans la mélée, jouant avec dextérité et courage de son couteau. Quelques secondes s'écoulerent, et deux des loups prirent la fuite... mais il était déja trop tard. Bien que blessé à la cuisse, Mâlemort encore trop excité pour avoir mal, regarda dans la direction du grand chêne. Le grand chien noir, couvert de sang et mortellement blessé, était allongé sur son flanc prés de l'objet, une patte posée dessus. Mâlemort s'approcha et stupéfait, trouva un couffin en osier dans lequel pleurait en silence un nouveau né. Il prit l'enfant dans ses bras et retourna chez lui non sans avoir jetté un dernier coup d'oeuil emplit à la fois de tristesse mais aussi de reconnaissance, à la dépouille du valeureux animal. Enfin en sécurité, il examina l'enfant. C'était un mâle, paré de beaux atours, ayant visiblement été gratifié de tous les soins nécessaire à son hygiène et à sa santé, et portant à son petit bras gauche, un bracelet en argent sur lequel était inscrit "YVONNET". Il décida de garder l'enfant... Bien des années plus tard, Yvonnet était devenu un beau jeune homme, aux traits agréables, presque féminins, agrémentés d'une fine moustache, aux muscles fins mais fermes néanmoins, témoignage d'une éducation rude et de privations, trés habile ayant profités des connaissances de son père en ce qui concerne les choses de la nature, et de son savoir faire en menuiserie, et enfin, pourvu d'un esprit vif et légerement railleur, lui ayant valu à plusieurs reprises la haine des petits paysans du village, mais aussi... l'amour de la jolie Ambre. Son père desormais agé et presque invalide, dépendait presque entierement d'Yvonnet. Celui ci en fils fidèle, subvenait aux besoin de son père en chassant, pêchant, ou en ramassant quelques champignons à la saison. Il gagnait en parallèle quelques piecettes en fabricant et en revendant quelques jouets ou des couverts en bois, aux paysans du coin. Parfois, Il affutait aussi les armes des guerriers itinérant échouant dans son village , ou en leur servait de guide dans la forêt qu'il connaissait si bien. A l'âge de 28 ans, son père mourut de viellesse, non sans lui avoir dévoilé le secret de cette nuit étrange et lui avoir remis le petit bracelet en argent, soigneusement caché dans un coffre au pied du fameux chêne. Ainsi seul et sans plus aucune attaches depuis le mariage forcé d'Ambre, la seconde personne qu'il est reellement aimé dans sa vie, Yvonnet prit la route pour arpenter le monde. Colportant à qui veut bien l'écouter, les nouvelles des villes qu'il a traversées, et vivant de petits métiers ou du négoce des objets qu'il continu à fabriquer, Yvonnet survie... mais il se complait à cette vie de bohême faites de rencontres et de labeurs. Il conserve ainsi sa liberté chérie, sans jamais cependant, renoncer à découvrir un jour la vérité sur ses origines... |