C'est par une fraiche matinée de printemps que naquit, la petite Mekare, c'était un bébé aux joues roses et aux rondeurs agréables.
Enfant de l'amour, elle en portait les stigmates, une vie de calme et volupté s'ouvrait à elle, couvée et choyée par ses parents et sa tendre nounou, elle
n'eu pas grand temps à attendre pour acceuillir ses deux petites soeurs.
Dans ce manoir noyé dans les plaines et les champs, chaque jour était une nouvelle source de joie et de découverte, passionée de randonnées pédestres et équestres, elle partait souvent seule dans l'orée des bois avoisinants. Ces excursions étaient sources de béatitude, elle semblait approcher les Dieux en parlant aux plantes et aux animaux, elle leur apportait tendresse et soins, et receuillait les plus faibles; Sa chambre finit par être un jardin luxiriant habité par de charmant petits êtres. Tout n'était qu'amour, charme et volupté jusqu'à une sombre nuit d'automne, Ce matin là les Soeurs et leur nounou étaient parties en pélerinage sur un antique site Druidique; Des nuages assombrirent le ciel en fin de journée, les vents se déchainaient, une tempête approchait, les Anciens dirent que Seules les Ombres de ce monde pouvaient avoir créer une telle fureur, les éclairs déchiraient le ciel, forcant la nounou à trouver un abri dans une maisonnée abandonnée. Elles passèrent la nuit en ce lieu, triste et sombre, priant pour que les forces de la Nature protègent les voyageurs innocents. L'aube venue, la tempête passée, elles prirent le chemin du retour, quel long et difficile périple ce fut, les arbres jonchaient la route arrachés de leur sol fertile, les plantes étaient déchiquetées, de pauvres bêtes erraient sans buts blessées et affolées, des chevaux sans maitre arboraient un regard triste, enfin de journée elles atteignirent le manoir. La porte de la propriété brulée, de la cour un filet d'eau rougit coulait, avec apréhension elles écoutaient le silence, la bise s'engoufrait dans les salles et les dépendances, et leur glacait le coeur; Nounou avanca portant la petite Morphée dans ses bras, serrant l'enfant elle passa la porte, le parterre fleurit, les jardins, les arbres , une pluie de sang les avaient couvert, et toujours ce silence effroyable, les filles commencaient à trembler, nounou pleurait, elle confia la petite à sa soeur ainée, et prise de panique courut jusqu'aux étages de ses maitres, sans voir les corps des servants, sans humer l'odeur putride qui régnait, essouflée elle arriva enfin aux appartements, ce silence, personne , pas une ombre, pas un signe; Elle fouilla toutes les pièces, chambres, salles d'eau, cuisine, grenier, cave, rien, pas une trace des parents des enfants, seul un chaton miaulait, caché sous un panier, elle revint près des filles, les consuisit dans une dépendance épargnée, leur fit un bol de soupe, et les coucha toutes trois dans le même lit. Enfin endornies, nounou enfourcha un cheval et quemenda de l'aide aux paysans voisins, des dizaines accoururent, tous munis d'un seau, d'une pelle, et d'une pioche, ils rendirent les derniers hommages aux serviteurs, et rendirent au manoir son antique lumière, au levé du jour, tout était calme et paisible, les bonnes ames dormaient à même le sol, et nounou, préparait le lait matinal. Pas une trace des parents, seule une chevalière fut retrouvée par un enfant, un index s'y rattachait, une bague sombre décorée d'armoiries inconnues, gravée d'initiales illisibles, une langue ancienne, trop ancienne. Les enfants, n'eurent qu'une courte vision de cette horreur, les plus jeunes ne s'en souviennent pas, la chevalière fut cachée par la douce nourrice, et le secret gardé. Nounou, éleva les filles, son amour et sa tendresse leur permirent de grandir dans l'insouciance, mais Mekare hantée par ses images, s'éloignait de plus en plus souvent, la solitude et les prières étaient son seul soulagement, elle parlait peu, mais couvrait ses soeurs et nounou d'affection. Les excursions se firent plus longues, plus fréquentes , il lui arrivait de partir des jours, des semaines sans revenir, avec pour seul compagnon son cheval, et seuls confidents les animaux de la forêt. Elle apprit le language des esprits de la Nature, bons et mauvais, peu lui importait, et à leur tour ils lui enseignirent les secrets de la Terre, de L'Eau , du Feu, et de l'Air. Les éléments devirent ses aides, ses défenses, ses amis. Ses 17 printemps passés, elle parti un matin comme à son habitude, avec son cheval et son sac d'herbe, elle ne revint que neufs années plus tard. A son retour, ses soeurs ne la reconnurent pas, nounou hésitait, devant elles se tenait une femme aux cheveux sans fin d'un noir profond, la couleur de ses yeux avait changé, ils étaient du vert des saules, tristes et dignes; Une force se dégageait de son allure, froide et chaleureuse à la fois, le teint pale et serein. Personne ne posa de questions sur ces années d'absences. Elle était revenue, pour ses soeurs, pour nounou, la Nature devait reprendre ses droits, les hommes devaient apprendre à la connaitre, la respecter, la chérir, la protéger, la Nature est source de vie et de Sagesse. |