Tout ce que je me rappelle de ma petite enfance ce sont quelques
bribes de souvenirs. Je me souviens surtout de la forêt, immense, joyeuse et
vivante. On m'a dit un jour que j'avais été trouvée seule dans les bois
alors que je n'étais encore qu'une fillette à peine sortie des langes. La
seule famille que j'ai toujours connue fut un couple d'humbles gens. Celui
que j'appelais mon père était bucheron, son nom était Orwald. Il était un
peu rustre et parfois dur, mais sous ses airs d'ours mal léché battait un
coeur d'or. Il m'a appris tout ce que je sais et si j'aime autant la nature
c'est parce qu'il a su me communiquer son amour pour elle en me montrant
toute la beauté qu'elle étale et que pourtant bien peu prennent la peine de
regarder.
Ma mère, elle était une couturière chevronnée et nombreuses étaient les dames du villages qui arboraient fièrement une de ses robes. Elle se nommait Neil. Elle était calme et souvent silencieuse, mais toujours juste et affectueuse. D'elle j'ai appris bien des secrets de femmes mais aussi toutes sortes de petites choses qui améliorent l'ordinaire, comme faire la cuisine par exemple. Un jour j'ai trouvé un oisillon blessé et pour le soustraire à une mort certaine, j'ai pris soin de lui jusqu'à ce qu'il soit capable de survivre seul. Depuis, Garl est mon ami et nous ne nous quittons plus. Je suis donc devenue fauconnière grace à lui qui m'a tout appris des rapaces. Mes parents disparurent au cour d'un voyage qu'ils entreprirent dans le Nord pendant un hiver fort rigoureux. Quand je compris qu'ils ne reviendraient plus, je du me prendre en main, seule, face à l'inconnu et surtout aux hommes que je crains bien plus que les bêtes sauvages.
Depuis, je parcours les campagnes et j'essai de faire mon métier de mon
mieux. Qui sait un jour peut être serais je connue pour ce que je fais ?
Peut être les hommes prendront ils conscience que la nature est notre mère à
tous ?
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